« Chez Anna, ça pulse, ça vibre, ça prolifère. Enchevêtrement du vital. L’œuvre est un corps, feuilletage mouvant et mystérieux d’os, de cellules, de peau, de muscles, de sang. Entrelacs de textures et de matériaux qui se superposent, s’envahissent mutuellement. La vie déclinée, matérielle, scientifique, symbolique, cosmos en flux infiniment rouge. Au détour d’une cellule de laque, surgit discrètement l’inquiétude.
Affolement des ovocytes. Invasion des insectes. Folie d’un tissage sans loi. Excès, qui va te contenir? »
Cet extrait d’un texte d’Isabelle Mullet illustre à merveille les ramifications de ma pratique artistique. Ma création se veut un organisme complet, difficile à résumer, hybride et homogène. Comme un schéma heuristique. Je donne ainsi à voir un processus, j’expose les liens subjectifs que ma pensée opère entre des objets hétéroclites. Je cherche à épuiser chaque motif dont je me saisis. Les formes organiques développent d’infinies variations qui me fascinent.
J’utilise la laque comme un vecteur de puissance plastique, une étape clef de mes recherches. Dessins, tissages, gravures, broderies, céramiques, sont autant de fragments d’une création en perpétuelle expansion. La laque en serait l’agent de liaison.
La laque, et le long processus de sa mise en œuvre, permettent la décantation de mes impressions fugaces.
La laque est une matière précieuse. Les pigments rares, les feuilles de métaux utilisés confèrent un caractère sacré à cette pratique picturale.
La laque, par la stratification géologique de ses épaisseurs, par la brillance de ses finitions, apporte la profondeur nécessaire à mes explorations de surface.
Après un Diplôme des Métiers d’Art en Laque, j’ai poursuivi des études d’Arts Plastiques qui m’ont menée à l’enseignement de cette belle matière. Je me nourris de ce métier de la transmission, qui me rend perméable à de nouvelles sources d’expérimentation.